Remise en état d'un 330

Celui-ci me faisait un appel de l'oeil depuis quelques temps, comment pouvais-je lui résister longtemps ?

Un petit inventaire photographique pour voir l'état de la chose et se faire une idée du travail de remise en état qui s'annonce.

Pour commencer, même si la rouille a pris possession de l'antiquité, celle-ci s'annonce quasi complète : ne manque que deux ou trois bricoles sans importance vitale.
Par contre, comme on le constate : beaucoup de rouille et énormément de 'gras' un peu partout : sous les garde-boues et sous le carter moteur : on va tout démonter, tout nettoyer, remettre le moteur en état ainsi que tous les organes vitaux essentiels : freins, roues, pneus. Et pour le reste, on va stabiliser et traiter la rouille pour la rendre inoffensive, et laisser l'engin 'dans son jus' qui devrait donner un résultat sympathique ?

Trois ou quatre semaines d'un travail patient et minutieux ont été nécessaires à la remise en valeur de cet ancêtre.
Toutes les pièces ont été déposées une à une afin d'être nettoyées, débarrassées de leurs gangues de rouilles ou de saleté accumulés pendant des decennies. Chaque vis et chaque boulon ont été de la même manière débarrassées de leur crasse, et, lorsque le besoin en était manifestement nécessaire, les filetages refaits au taraud ou à la gouge.
Partout où elle apparaissait la rouille a été traitée à cœur : les pièces concernées ont été débarrassées du plus gros de l'oxydation visible, puis badigeonnées d'un produit antirouille pénétrant destiné à stopper la rouille et la convertir.
Lorsque toutes les pièces du cadre ont été ainsi refaites, le cadre a été remonté comme à l'origine, en conservant le tout dans son état : "dans son jus" comme il se dit.

Côté moteur : celui-ci a subi un traitement de fond lui aussi. Entièrement démonté pièce à pièce il a été nettoyé, décalaminé, dérouillé là où le besoin s'en ressentait.
Les roulements ont été changés pour des roulements neufs étanches. De la même manière les segments anciens ont été déposés : ils étaient en excellent état et parfaitement libres de leurs mouvements dans leurs gorges : ils ont été déposés, les gorges nettoyées jusque dans le moindre recoin, puis les segments remontés.
L'ensemble moteur a alors été intégralement remonté après nettoyage de fond, puis le groupe propulsion a retrouvé sa place à l'avant du cadre sur sa roue avant.

Voici quelques vues de l'ensemble après restauration ...

Après ces longues semaines de travail assidus, méticuleux et patient, vient l'heure de la remise en route.

Les pneus changés, un demi-litre environ de mélange carburant à 3% remis dans le réservoir nettoyé avec un nouveau filtre, les derniers réglages du décompresseur et nous voici dans la rue à vouloir relancer ce moteur après de nombreuses et longues années de sommeil en piteux état.
On pose le moteur au contact de la roue avant, on décompresse, on pousse le vélomoteur sur quelques mètres .... et rien ! Déception !
Alors on s'installe sur la selle et on pédale en roulant devant soi dans l'espoir d'un pet-pet-pet ... eh bien non : on aura beau insister lourdement il ne se passera rien d'espéré : il refuse de démarrer.

Alors retour déconfit à l'atelier, et révision complète.

Dans l'ordre : oui l'essence arrive correctement comme en témoigne le retour essence lorsqu'on le défait de l'entrée réservoir, comme en témoigne le mélange qui coule du gicleur dévissé, comme en témoigne la bougie humide. Donc ce n'est pas un problème de carburant qui perturbe ce redémarrage.
Côté allumage tout semble fonctionner correctement : on a bien une étincelle entre les électrodes de la bougie au moment précis où les repères rotor-stator sont face à face, donc on doit faire confiance à l'allumage.

Il faut donc se rendre à l'évidence : la compression n'est pas terrible et il va falloir revoir tous nos joints.
Et nous voici repartis pour un démontage complet de la culasse et du cylindre : dépose de chaque joint, nettoyage, puis repose avec un film de graisse, et serrage approprié des vis et boulons.

Le moteur entièrement remonté puis remis en place sur son support de fourche, nous revoici dehors pour un nouvel essai : levier de démarrage à gauche, décompression, poussée sur deux ou trois mètres et ... pet-pet : il donne signe de bon fonctionnement : inutile de dire qu'à ce moment on est particulièrement heureux. Alors en selle, pédalage décompression et lâché de manette ... et voici les premiers tours de roue entraîné par ce moteur de 60 ans qui revit après quelques années d'oubli en quasi décharge.